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Faire dans la dentelle

Faire dans la dentelle © E Cléret Faire dans la dentelle © E Cléret

Une petite coiffe devenue grande...

UNE HISTOIRE

Les premières iconographies de la coiffe bigoudène apparaissent dans la première moitié du 19e siècle. Les femmes étaient coiffées d'un bonnet soit noir, soit agrémenté de galons métalliques sur lequel elles remontaient grossièrement leurs cheveux. Une tresse de laine maintient le tout et la coiffe, faite d'un coton blanc fin encore très peu brodé à cette époque, est épinglée sur le haut de la tête.

Au fil du siècle la broderie va s'étendre sur l'ensemble de la coiffe, qui restera encore relativement petite, ne dépassant pas les 8-9 cm. Elle est surmontée d'une petite pointe beg ou begoù au pluriel, qui pourrait être l'origine du mot bigoudène !

Au début du 20è siècle, la coiffe grandit. Elle est blanche, brodée finement et les rubans d’autrefois deviennent aussi des broderies. 5 cm, puis 10 cm, puis 20 cm au fil des années et des modes… Il faut une petite demie heure pour poser la coiffe.

Elle atteindra plus de 30 cm dans les années 40 à 60. Petit à petit, les femmes cesseront de la porter au jour le jour. Mais dans le même temps, les Cercles et Bagadoù se créent afin de continuer à perpétuer les traditions et la culture locale. On y apprend à broder et coudre son costume, à danser ou à jouer d’un instrument. On transmet et on s’approprie sa culture bigoudène.

UNE CULTURE

Le pays des Bigoudènes a dit au revoir au port quotidien de la coiffe. Si la coiffe est devenue si grande c'est, en plus de la fierté, le résultat d'une émulation entre les jeunes filles. Aujourd'hui, elle se voit conservée mais pas oubliée !

La coiffe c'est l'histoire de la femme bigoudène. Elle a su l'adapter au fur et à mesure du temps, de la mode et des années. Cette coiffe c’est un symbole, une part de mémoire locale. Elle aura grandi grâce aux jeunes filles du pays, grâce à leur audace, leur fierté et leur caractère. Alors, la coiffe devient une signature. Bien au-delà du Pays Bigouden elle devient, par confusion, symbole de la Bretagne.

Notre territoire est chargé par l’histoire d’un costume qui a permis de travailler, braver les tempêtes ou aller à des événements locaux. Parcourez ce pays pour mieux percevoir les subtilités de la richesse et de ce savoir-faire bigouden qu'est la broderie. Car même s’il ne se porte plus au quotidien, sa transmission se porte bien. Entre musées et bagadoù, cercles et ateliers, ici, le costume est exposé, conservé, repris, retravaillé, parfois détourné mais aussi fêté.

Ne cherchez donc pas la dernière bigoudène mais allez plutôt à la rencontre de la jeunesse qui porte son flambeau et qui sait la raconter. Des associations locales proposent des stages et initiation au picot et à la broderie (renseignez-vous !)

Le saviez-vous ?

Avant la Révolution Française de 1789, le costume des paysans bretons ne possédait pas de broderies. Puis, on assiste à la libération du costume et de la broderie, ce qui marquera une véritable identité.

Les vêtements étaient taillés dans du drap noir, doublé de toile de lin pour les plastrons. Tous les costumes étaient brodés par les hommes : il fallait percer les tissus très épais et donc une certaine force pour piquer et pousser l’aiguille. Les brodeurs «tennerien neud» (tireurs de fil) étaient invités par les familles à s’installer chez elles, à l’occasion d’une communion ou d’un mariage, le temps de la confection du costume.

Ils travaillaient le plus souvent sur le sol, jambes croisées, solitaires, penchés sur leur ouvrage sur lequel ils plaçaient les motifs par importance et par rangée en fonction du rang social, de la communauté et du patrimoine de leur client.

Les brodeurs bigoudens «tennerien neud» formaient une corporation nombreuse, puissante et originale. A la fin du 19ème siècle, ils étaient nombreux dans la région de Pont-l’Abbé, certains possédaient un magasin et un atelier avec plusieurs ouvriers. Ils ont connaissance plus rapidement des nouvelles tendances de la mode parisienne, et c’est par leur intermédiaire que les motifs de broderie de styles différents apparaissent en Bretagne.

 

Où voir des coiffes ?

 

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